Manifeste du comité directeur
1974-1984 : Vive la crise
- Dix ans après les Assises d’Avignon (rassemblement national des militants sur le devenir de l’Association : « les EEDF pour quoi faire ? »), nous nous préparons à tenir un Congrès National : 1000 EEDF à Mâcon, du 6 au 8 avril 1985. Depuis 1974, que d’eau sous les ponts : après les délices du combat intérieur, le consensus s’est peu à peu dégagé sur la nature et le rôle des EEDF. Avec pas mal d’étapes sur ce chemin : TOP 76, rencontre nationale des Louveteaux, Éclaireuses/Éclaireurs et Aînés, sous la forme d’une « Grande Activité » ; les nouveaux statuts de 1979, la place enfin reconnue aux membres Associés et aux services vacances ; le plan de redressement financier, voté à l’AG de Marly-le-Roi, en 1980, et la remise en marche des différents rouages de l’Association, un peu plus de confiance entre les Régions, entre les Régions et l’échelon national ; le plan d’action 1979-82 et 1982-85 ; les retrouvailles sur le terrain et la grande aventure de BECOURS 81 ; le lancement des activités nouvelles et la mise au net de nos méthodes d’animation. Tout cela accompagnant le plus important : l’action quotidienne de chacun, de chaque équipe, dans tous les groupes locaux, départements, régions et services vacances… Et pendant tout ce temps, pour chacun d’entre nous, malgré le doute parfois, une sorte de certitude, d’intime conviction : les EEDF, ça marche, et vaut le coup de se remuer pour qu’ils demeurent ; qu’ils croissent et qu’ils se multiplient ! Mais ça n’est pas vraiment ce qui se passe, comme chacun sait, puisque les effectifs baissent. Depuis 20 ans : pas de complexes, nous ne somme que des héritiers. Pourtant nous savons qu’il se passe aux EEDF des choses extraordinaires et des moments très forts, nous le savons, parce-que nous le vivons, que, sans aucune prétention ridicule à vouloir prendre en charge tous les problèmes de ce pauvre monde, les EEDF servent à quelque chose. Les EEDF, donc, à la fois ça marche, et ça ne marche pas. 1974-1984, dix ans d’EEDF. 1974-1984, dix ans de crise. Les EEDF n’existent pas en dehors du monde, les enfants, les adolescents et les adultes n’existent pas en dehors de « la crise ».
Congrès national 85 : la pratique d’abord, ou les EEDF comment faire ?
- Le Comité Directeur, dans son infinie sagesse, estime ce qui suit, et le dit tout crûment (au diable la langue de bois) :
- les Congrès National 85 doivent se secouer les puces et les méninges pour que nous tous sortions de ce funeste constat : les EEDF à le fois ça marche et ça ne marche pas. - Pour cela, il est parfaitement inutile de remettre les compteurs à 0, inutile de réécrire l’article 1er des Statuts, de redéfinir la laïcité ou de réinventer la coéducation. Ne perdons pas notre temps à polir finement le contour des concepts, à repeindre les finalités. Partons s’il vous plaît du principe qu’on est d’accord sur les principes et laissons les en paix. - Agrippons-nous plutôt à la réalité, travaillons sur la pratique plutôt que sur la théorie, sur le comment faire plutôt que sur le pourquoi faire. - Soyons réalistes aussi. Avez-vous remarqué que depuis un certain temps l’Association fonctionne ? Alors, par pitié, ne cassons pas la baraque. Projets, plan d’action, contrats, continuons à tous les niveaux. 1982-1985, c’était bien court, n’enrayons pas la mécanique.
Des enjeux concrets !
- Le premier enjeu du Congrès National 85 est tout simple : nous avons besoin de nous retrouver nombreux de temps en temps pour sentir qu’on existe, et on aime ça. Offrons-nous ce plaisir en 1985 : retrouvons-nous, faisons la fête et ne nous prenons pas trop au sérieux.
Le groupe local, encore et toujours
- Priorité au groupe local, c’est notre enjeu. À partir de ce que nous vivons chez nous, les réussites et les échecs des uns et des autres, il nous faudra nous poser quelques questions et y répondre :
Le groupe local (les groupes locaux) répond-il aux besoins dans une ville, dans un quartier ? l’équipe de groupe, qu’est-ce ? Comment tourne t’elle ? Les responsables : des animateurs, des militants ou les deux ? Le bénévolat est-il un luxe aujourd’hui ? Les aînés, quelle est leur place dans le groupe ? Les relations aînés responsables, quel accueil pour des groupes plus ou moins informels d’ados, pour un temps limité ? Quelle « continuité éducative » réelle de nos activités ? Que donne, dans la pratique, les propositions de méthodes d’animation faites en 82-83 ? Est-ce obligatoire, est-ce une nouvelle orthodoxie ? Les activités : sommes-nous des spécialistes ou des généralistes ? Démocratie, coéducation, ouverture aux autres, qu’est-ce que ça donne ?
Aller plus loin
- Les EEDF ne sont pas tout seuls. Découvrons et inventons de nouvelles formes d’activités, qui viennent enrichir et compléter l’action des groupes locaux. Là aussi des questions !
Sur les jeunes et les loisirs : peut-on être vraiment présents dans le temps réel de loisir des enfants et des jeunes ? Sur l’animation en ville : que faire ? Fuir ou s’adapter ? Sur l’animation à la campagne : plus beaucoup d’EEDF dans les campagnes pourquoi et que faire ? Sur l’accueil de tous, venant de tous les milieux sociaux : où en sommes-nous ? Nos structures d’activités sont-elles adaptées ? Comment mieux utiliser notre potentiel ? Comment mieux favoriser la prise en charge par les jeunes de leur projet de vacances ? Sur les jeunes et l’emploi : Quelles actions dans l’insertion sociale et professionnelle ? Est-ce notre vocation, pouvons-nous faire quelque chose, que répondre aux sollicitations pressantes des pouvoirs publics ? Comprenons-nous bien : il ne s’agit pas pour les petits EEDF de se faire croire à eux mêmes qu’ils pourront résoudre les problèmes de la société à force d’en parler. Mais, plus modestes, plus réalistes et plus efficaces aussi, échangeons les expériences, lançons des idées, bâtissons des projets, et inventons des formes nouvelles d’actions pour que les EEDF mieux enracinés dans la réalité autour, à coté, à l’intérieur du groupe local, répondent mieux à leurs objectifs.
1985-1986 : Objectif 89 !
Trois jours de congrès, c’est court. Voici donc comment nous ferons : Sur tous les sujets où on aura l’impression d’avoir bien avancé, le Congrès transmettra à l’Assemblée Générale du 8 avril – le Congrès propose, l’Assemblée Générale décide - des propositions concrètes pour décision. Quand on pensera que ça n’est pas mûr, qu’il faut laisser mijoter encore un peu, le Congrès transmettra une direction d’orientation, et l'Assemblée Générale, si elle l’adopte, décidera comment, en 85-86, on passera de l’orientation aux propositions pratiques. En conséquence, le Congrès 85 continuera, en 1985-86, de façon décentralisée, éclatée, pour que nous puissions aller jusqu’au bout, jusqu’à des propositions, des décisions d’actions concrètes. Ce sera donc l’Assemblée Générale de 1986 qui mettra ainsi la dernière main au Plan d’Action des EEDF pour 1986-89. Et ça nous laisse le temps, 85-86 de poursuivre, d’aller au bout de nos objectifs 82-85 : 3 ans c’était bien court.
- Pour animer les opérations, on garde l'Équipe Nationale, qui était normalement sortante en 1985. Le Comité Directeur décide donc de prolonger son mandat d’1 an jusqu’en septembre 1986. Une nouvelle équipe sera constituée au printemps 1986, et sera chargé à partir de septembre, de mettre en œuvre, pour l’échelon notre futur plan d’action. Tout est en place : le cadre est fixé, les conditions créées pour que le débat soit riche et fructueux. Que chacun vienne au Congrès National 85 et fasse entendre sa petite musique. Les EEDF n’ont pas fini d’étonner leur monde.
Comité Directeur 2 décembre 1984.